Ce dernier était vraiment tout pourri, les vitres ne fermaient pas, mais vu la chaleur ce n’était pas bien grave. Les gens étaient entassés dedans, quand je croyait qu’il n’y avait plus de place, ils en trouvaient encore. Le bus s’arrêtait tous les kilomètres, voir plus souvent, pour faire monter des gens venus de chez eux en charrettes à boeufs, avec leurs sacs de patates, de farine et leurs cageots de pommes. Comme je suis montée à une des premières étapes, j’avais la chance d’avoir une place assise, que je n’aurai même pas pu céder par politesse vu que tout mouvement était impossible dans les couloirs. Avec tout ça nous avons dû traverser la Cordillère de la Côte et le bus peinait terriblement dans les montées. J’ai plusieurs fois cru qu’il nous faudrait descendre pour pousser. Pendant tout le temps du trajet nous étions sur une piste et comme le plancher du bus était assez poreux j’ai avalé énormément de poussière. J’en avais partout, dans les chaussures, les cheveux, sur le sac, sur les vêtements et sur la peau. Je n’avais jamais parue aussi bronzée.
C’est dans cette ambiance particulière, après deux heures et demie de voyage et 75 kilomètres que je suis arrivée à Carahue, la capitale de la pomme de terre. De là je devais prendre un autre bus. Comme j’étais assez pressée pour arriver avant la nuit à Temuco et que personne ne semblait s’occuper des soutes, je suis allée chercher moi-même ma mochilla, ce qui m’a valu de colorer encore plus mes mains en ouvrant la porte de la soute, recouverte de poussière et d’huile.
J’ai ensuite trouvé un autre bus qui heureusement ne coûtait que huit cent pesos ; après avoir payé il ne me restait que vingt pesos et il n'y avait aucun distributeur à l’horizon. La route jusqu'à Temuco était toute neuve et nous avons donc fait les 85 kilomètres restant en seulement une heure et demie. Arrivée à 21 heures je pensais d’abord dormir sur place, mais comme rien de ce que je voyais ne m’inspirait et que je n’avais plus de sous je suis allée vers un autre terminal de bus où j’ai pu retirer de l’argent, manger un bout et prendre un billet pour Villarica, à 87 kilomètres encore un peu plus au sud et à l’est.
A l’arrivée, vers 23 heures, tous les hostals étaient pleins ou ne voulaient pas m’accueillir pour ne pas occuper une chambre double avec une seule personne. Après une demi heure de recherche et de nombreux refus, j’ai finalement réussi à convaincre une jeune chinoise de me laisser une chambre, alors que je commençais presque à m’imaginer passer la nuit dehors. J’ai donc eu une grande chambre pour moi toute seule et de l’eau chaude dans la douche. Le rêve pour me débarrasser de toute cette poussière avant d’aller profiter d’un feu d’artifice sous mes fenêtres.
Cette journée de voyage fût assez fatigante, mais elle m’a permis de découvrir un peu la réalité de la campagne chilienne, loin du goudron et des publicités de la Panaméricaine.
Et une grande surprise m’attendait à mon réveil.
1 commentaire:
Ah, et c'est quoi, la surprise?
Vite, vite, la suite...
Martine
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