Avec tout notre barda nous avons fait un arrêt au marché des mineurs. Tous les mineurs sont indépendants et ils doivent donc acheter eux-mêmes leur matériel. On a joué un peu avec des bâtons de dynamite et des bâtons de fertilisants censés renforcer l’effet de l’explosif. Ensuite, nous avons pû gouter l’alcool de mineur, qui culmine à 96°. On le boit au bouchon après avoir fait une offrande à la Pacha Mama et au Tio de la mine, qui vont ensuite nous protéger des dangers souterrains. Enfin, nous fûmes sommés d’acheter des feuilles de coca et de la boisson pour offrir aux mineurs que nous rencontrerons. Pendant ces achats, notre guide est parti prendre son petit déjeuner. Une fois que nous l’avions retrouvé nous avons continué jusqu’aux usines de traitement de la roche, où l’on a pû voir l’argent en suspension dans les bassins.
La dernière étape avant la mine fut le point de vue sur la ville et le Cerro Rico, la fameuse montagne creusée de centaines de galeries.
Devant l’entrée de la mine nous avons reçu les dernières consignes, laissé passer des wagonnets poussés par des mineurs, puis nous avons pénétré dans l’antre du Tio. Les premières galeries n’étaient pas larges et nous avons tout de suite été plongés dans le noir. Quelques mètres plus loin nous avons dû nous faufiler entre la paroi et les wagons arrêtés sur les rails, avant de rentrer dans un petit musée consacré au monde de la mine.
C’est ensuite que la véritable aventure a commencé. Nous avons rampé dans des galeries, respiré de la poussière, mâché de la coca, descendu des échelles, avancé à quatre pattes ou courbés. De temps en temps nous nous arrêtions et nous collions à la paroi pour laisser passer des wagonnets remplis de roches, poussés et tirés par quatre hommes en sueur. Il faisait très chaud et l’air était irrespirable. Les mineurs travaillent jusqu’à ce que leur état de santé les en empêche, vers trente-cinq ou quarante ans. Ensuite ils peuvent jouir d’une petite retraite avant de mourir quelques temps plus tard, d’une infection des poumons ou d’un cancer… Un jeune mineur de dix-neuf ans, travaillant depuis un an, dix huit heures par jour en moyenne, la joue pleine de coca, nous a expliqué que ce travail était dur mais il payait bien pour ceux qui sont prêts à beaucoup travailler.
Nous sommes descendus jusqu’à la troisième galerie où nous avons rencontré Alvaro, occupé à percer un trou dans la roche pour y introduire un bâton de dynamite. Il nous a expliqué, sans s’arrêter de taper, qu’avec la coca, un mineur peut travailler vingt-quatre heures sans boire ni manger et c’est quand même bien pratique.
Après plus d’une heure dans la mine nous sommes ressortis par une galerie gelée où les stalactites offraient un spectacle bien différent de la poussière d’enfer des autres galeries. Une fois à l’air libre, nous avons eu droit à une démonstration d’explosion de dynamite et personne n’était volontaire pour aller lancer le bâton.
Ma gorge était toute sèche et je ne pouvais plus parler après ça. Je suis retournée à l’hostal prendre une douche et payer et j’ai surtout bu beaucoup d’eau pour essayer d’apaiser la brulure de ma gorge. J’ai ensuite déjeuné avec un allemand sympa qui avait fait la visite avec moi avant d’aller faire un tour au musée de la Moneda. C’est l’ancien lieu de production des pièces de monnaie à partir de l’argent extrait de la mine. Toutes les pièces de l’Europe étaient produites ici. Aujourd’hui, toute la monnaie bolivienne est fabriquée à l’étranger, et notamment les billets à Rennes.
Enfin, il ne me restait plus qu’à trouver un bus pour ma dernière étape bolivienne. Au terminal j’en ai trouvé un partant à 18 h 30. Comme j’avais deux heures d’attente je suis montée à la tour mirador, qui domine la vallée à l’ouest de la ville et j’ai regardé la route désertique qui serpentait à travers les hauteur andines, en repensant à ces mineurs qui devaient continuer de taper sur les entrailles de la Pacha Mama.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire