mercredi 31 décembre 2008

Chapitre 16 – Vous prendrez bien un peu de Sucre

La nuit passée à traverser l’altiplano pour rejoindre l’autre capitale de la Bolivie fut glaciale dans le bus non chauffé. Heureusement, la compagnie fournissait les couvertures et comme je n’avais pas de voisin j’ai pu me couvrir de deux épaisseurs indispensables. Au petit matin, je suis descendue du bus sous le soleil et ai tenté de me diriger vers le centre ville en m’orientant grâce à ce dernier. Malheureusement, comme je ne savais pas vraiment d’où je partais ce fut un peu compliqué. Après quelques errances et une discussion stérile avec un vendeur de jus d’orange très amateur de coca mais ne semblant pas comprendre mon espagnol, j’ai finalement atterri sur la magnifique place centrale. Autour les plus beaux bâtiments coloniaux rivalisaient d’élégance.








Après un bon petit déjeuner, je me suis rendue au musée pour attendre l’heure de la visite sous le soleil. Soudain ! Horreur ! Mon chapeau avait disparu ! Sans lui, je ne pouvais survivre au reste de mon voyage. Je suis donc retournée sans plus attendre sur mes traces et je l’ai retrouvé sur le dossier de ma chaise dans le restaurant désert où j’avais pris mon petit déjeuner. De nouveau entière je suis retournée au musée juste à temps pour la visite qui fut extrêmement intéressante.
J’ai poursuivi par un petit tour à la Cathédrale, avant de monter au mirador pour profiter de la vue sur cette belle ville.

Avant de repartir j’ai déjeuné au Shanghai, pour communier avec mon petit frère.

Au terminal j’ai trouvé un bus pour Potosi, les sacs ont été montés sur le toit grâce à une corde et nous sommes finalement partis. A la sortie de la ville nous avons passé plus d’une demi-heure à un contrôle de police à cause d’un gars bourré. Je n’ai pas réussi à comprendre si c’était le chauffeur ou le policier qui était ivre…
Nous sommes finalement repartis pour la traversée des paysages arides mais beaux et vallonnés du sud ouest de la Bolivie.

Nous sommes arrivés en début de soirée à Potosi. J’ai arpenté les rues pentues de la ville à la recherche d’un hostal mais ils étaient tous pleins. Il faisait bien froid et j’étais fatiguée alors je commençais à désespérer. Finalement j’ai trouvé une toute petite chambre dans un joli hostal. Elle semblait sortir d’un monde de nains et elle me plût tout de suite.

Après avoir déposé ma mochilla je suis partie en quête d’un dîner. Je l’ai trouvé dans une gargote vendant des hamburgers où j’ai dû partager ma table avec une bande de copines un peu intimidées par ma présence mais gentilles.
Après ça je me suis offert un repos mérité avant de risquer ma vie le lendemain.

jeudi 25 décembre 2008

Chapitre 15 - Un petit coca et puis s'en va

Au cours de ce voyage en bus j’ai pu profiter des dernières vues sur le lac Titicaca et faire connaissance avec mon voisin, Alvaro. C’était un jeune péruvien fraîchement arrivé de la capitale et qui devait rejoindre sa famille à l’autre bout de la Bolivie. Il lui fallait donc absolument passer la frontière ce soir là et comme nous avons été retardés par des travaux il était très stressé. J’essayais de le rassurer, même si, avec l’arrivée de la nuit, la possibilité d’un passage s’amenuisait. Finalement, le bus est arrivé un quart d’heure avant la fermeture de la frontière, j’ai attrapé ma mochilla balancée du toit du bus et couru vers le poste frontière. Après une pirouette ratée, pour cause de poids mort sur le dos, qui a bien fait rire les personnes alentours, j’ai réussi à traverser le pont et à trouver la douane péruvienne. Les tampons ont été apposés sans problème mais il me fallait encore trouver le bureau bolivien, et l’heure de la fermeture se rapprochait cruellement. A la dernière minute, j’ai fini de remplir les papiers et j’ai retrouvé Alvaro.
Ensemble nous avons négocié un moyen de transport pour La Paz. Une voiture s’est proposée et avec trois autres personnes dont une dans le coffre, nous l’avons remplie. Après quelques dizaines de minutes, nous avons été arrêtés pour un contrôle douanier. La personne dans le coffre s’est cachée sous les sacs et j’ai été sommée de me taire pour ne pas qu’ils sachent que j’étais européenne. Les douaniers frigorifiés n’ont pas insisté et nous sommes repartis dans la nuit noire.
Après avoir roulé deux heures et évité des cailloux répandus sur la route annonçant un camion en panne, nous sommes arrivés en vue de La Paz, toujours aussi impressionnante. Quelques feux rouges grillés plus loin nous nous sommes séparés d’Alvaro, qui devait prendre un autre bus, avant de continuer vers le centre ville où Felipe, un docteur péruvien et moi descendions. Sur les conseils de ce Felipe nous sommes allés dans un hôtel qui était beaucoup trop cher pour mon budget. Comme il a insisté pour ne pas me laisser seule à cette heure dans la ville, il a appelé un taxi et nous avons cherché un hostal. Après quelques tentatives infructueuses nous avons trouvé des chambres dans un hostal bien miteux et économique. Les papiers sur les murs n'étaient pas là pour décorer, mais pour boucher les trous aux fenêtres. Felipe le galant m’a invitée à dîner puis nous nous sommes dit au revoir devant nos chambres.


Le lendemain, après un bon petit déjeuner, je suis partie visiter le musée de la coca que j’avais loupé lors de mon premier passage. C’est là que j’ai appris que le Coca-cola est en fait copié d’une recette française et que la drogue c’est mal.


Après cette petite visite fort enrichissante, j’ai retrouvé le terminal de bus à côté de la Maison de la Démocratie bien mal en point.


De là je suis partie pour Oruro, une ville minière à quelques deux cents kilomètres au Sud. Le bus a traversé l’Altiplano, grand, sec, froid, salé, sablé, plat, couvert de toutes les nuances d’ocre.
A Oruro je n’ai pas fait grand-chose d’intéressant. C’est une ville triste et moche vouée uniquement à la mine et apparemment valant le détour seulement pour son carnaval annuel. J’ai quand même visité le musée minier avec une classe de jeunes turbulents. Nous sommes passés par une église pour descendre dans une vieille galerie minière où étaient entreposés de vieux outils. A la remontée j’ai rejoint le phare qui doit guider bien peu de bateaux dans ce désert et profité du coucher du soleil sur cette ville froide.

Il ne me restait plus qu’à rejoindre le terminal et attendre mon bus de nuit pour Sucre, afin de rejoindre la plus belle ville de Bolivie.

lundi 22 décembre 2008

Chapitre 14 – Des maisons construites avec le paysage

Pour passer ma dernière matinée près d’Arequipa, je me suis offert une petite séance de rafting sur le fleuve Chili. J’étais bien fière de me retrouver dans le seul groupe hispanophone, avec deux limeños. Hé oui, je parlais mieux espagnol qu’anglais en ce temps ! La descente fut super sympa, avec de bons rapides et une super équipe. Nous étions tellement doués que nous ne sommes pas tombés une seule fois alors j’ai dû me jeter à l’eau de mon plein gré pour la tester. A plus de trois mille mètres d’altitude elle était glaciale !
Au rapide suivant j’ai aussi sauvé une des naufragés d’un autre bateau. Ca a fait pas mal d’émotion tout ça car c’était relativement dangereux pour des gens inexpérimentés comme nous. Au final tout s’est bien passé et c’était vraiment un super au revoir à cette ville. J’ai ensuite pris une douche, puis récupéré ma lessive qui séchait sur le toit de l’hostal avant de retourner au terminal de bus.

De là je me suis embarquée pour un long voyage à travers l’altiplano et ses vigognes, direction Puno, au bord du Lac Titicaca. J’aurai pu acheter des bonbons et toutes sortes de remèdes médicinaux miracles à des vendeurs extrêmement bavards pendant ce voyage. Je me suis contentée de quelques bonbons, pour la bonne cause évidemment.
Arrivée à Puno j’ai failli me briser le cou en glissant sur une plaque de verglas en cherchant un hostal dans la nuit tranquille. L’ambiance de la ville était sinistre et ça s’est confirmé le lendemain matin. Il n’y a rien à faire à Puno (à part s’empoisonner au terminal de bus, comme le savent ceux qui ont tout suivi)et on peut y voir des façades qui font froid dans le dos.


Lever à 6h20 pour prendre un bateau direction les très touristiques îles flottantes. Ce sont des îles artificielles construites en roseaux et habitées par le peuple des Uros. J’ai attendu plus d’une demi-heure que le bateau se remplisse des sept passagers requis pour un départ. Peu à peu sont montés un israélien-étatsunien, né en Roumanie et éduqué par une princesse francophone, une française exaspérante, une jeune californienne sans vaccin et donc sans visa pour la Bolivie et quelques espagnols. Il faisait froid dans la brise qui venait du lac, mais le soleil réchauffait déjà la surface. Après une demi-heure de navigation à travers les roseaux nous avons débarqué sur une première île où nous avons eu droit à un petit cours intéressant sur la fabrication des îles.



Après quelques questions curieuses nous avons été invités à faire le tour de l’artisanat de l’île avant de réembarquer pour une autre île bien plus grande. Celle-ci abritait un hôtel, un restaurant , des toilettes et même une église évangéliste. Mes camarades de voyage se plaignaient du manque d’authenticité de ces îles complètement dévouées aux touristes. Malheureusement pour eux les bons sauvages authentiques n’étaient pas accessibles en bateau à moteur.
De retour sur le rivage je me suis rendue directement au terminal de bus où j’ai sauté dans un bus en partance pour Juliaca, plus au Nord. Je devais descendre à un carrefour pour rejoindre un site archéologique, mais le bus ne s’est arrêté que deux cents mètres plus loin, à un contrôle de police. J’en ai profité pour descendre et refaire le chemin en marche arrière. Arrivée au carrefour j’ai négocié avec un taxi dur en affaire pour qu’il m’emmène au site. Sur une colline entre deux lacs se dressent des tours funéraires, vestiges d’une civilisation plus ancienne que celle des Incas. J’ai traîné un peu entre ces ruines, admirant le paysage et l’Histoire, avant de repartir à pied vers la route principale.





Un taxi a insisté pour m’épargner la marche à travers l’altiplano désert, à un prix défiant toute concurrence, mais il est mal tombé car je voulais marcher. Ce fut une balade tranquille, troublée seulement par le cri des chiens gardiens d’alpacas près des maisons en adobe qui se confondaient avec le paysage alentour. J’ai ensuite rejoint le chemin et partagé un taxi vers Puno avec des péruviens dont une petite fille aux joues rondes, brulées par le soleil et le vent.

Arrivée en ville j’ai mangé un morceau, récupéré ma mochilla et me suis fait conduire au terminal de bus en vélo taxi. Là j’ai pris ma place dans un minibus pour Desaguadero, à la frontière bolivienne, de l’autre côté du Lac.

jeudi 18 décembre 2008

Chapitre 13 - Le vol du Condor

Ce soir là je suis descendue du bus assez tard, dans le froid glacial de Chivay, village bordant le canyon le plus profond du monde. On m’a proposé un hostal non loin du terminal de bus et j’ai suivi. C’était honnête, comme d’habitude. Pas cher mais ne valant pas plus.
Je me suis ensuite mise en quête d’un dîner et suis entrée dans un restaurant où toutes les tables étaient prises et tous les serveurs débordés. On m’a proposé de m’asseoir à une table déjà occupée par un solitaire. J’ai acquiescé et me suis retrouvée en tête à tête avec un Suisse. Nous avons bien discuté en attendant la soupe de tomates. Il avait quitté son boulot trois mois auparavant pour partir se changer les idées et il allait bientôt devoir rentrer pour en retrouver un et renflouer les caisses… jusqu’à la prochaine fois. Il m’a conseillé de me lever très tôt le lendemain afin de prendre le premier bus pour l’attraction locale, les condors.

Comme nous nous sommes séparés tard, je n’ai pas suivi son conseil et me suis levée à 6 heures du matin. J'ai ensuite pris un bus qui remontait le long du cañon de Colca, qui en vérité n’est que le second plus profond du monde, depuis que l’on a remesuré son voisin. Après une bonne heure de route passée à admirer de magnifiques paysages de vallées et de terrasses, j’ai aperçu un énorme groupe de touristes suicidaires massés au bord du ravin. C’était bien là qu’il fallait que je descende. J’avais à peine rejoint ce groupe finalement protégé d’une mort certaine par un large parapet, qu’ils sont arrivés.
Les rois des Andes, les condors majestueux. Ils planaient au dessus de nous, ils nous frôlaient et ils nous méprisaient certainement, nous pauvres humains qui ne pouvions flotter au gré des courants d’air. Je me suis éloignée un peu de la masse, et comme les condors aussi, j’aurais pu croire qu’ils me suivaient. Une fois qu’ils eurent fini leur spectacle, les bus se sont remplis et sont repartis vers Chivay.


Moi je n’avais pris qu’un aller simple car je voulais marcher sur la rive pour admirer la grandeur de cette vallée démesurée. J’ai donc marché seule, jusqu’au prochain village. Je n’ai rencontré qu’un paysan sympathique et une bergère taciturne.




Je me suis aussi rendue compte que les cactus ne sont pas des buissons comme les autres et que lorsqu’on les frôle, ils n’hésitent pas à se planter dans le pantalon et dans le mollet.Arrivée au village il ne me restait plus qu’à attendre le bus suivant. Il n’y avait personne dans les rues et j’ai presque cru qu’il s’agissait d’un village fantôme. Finalement j’ai quand même trouvé une petite épicerie où acheter des crackers qui firent mon déjeuner et me renseigner sur les bus. Les horaires étaient assez incertains, mais c’était bien sur la place qu’il fallait attendre.

Comme je savais que le bus réveillerait toute la vallée avec son klaxon en arrivant, je me suis permise de faire un petit tour du village. J’ai découvert une charrue à faire pâlir d’envie mon papa et j’ai bien sûr dû donner la pièce pour la photo. Je me suis ensuite reposée au coin de la rue du Progrès en attendant mon chauffeur.

Arrivée à Chivay j’ai enchaîné avec un bus pour Arequipa où j’ai rejoint l’hostal que j’avais réservé. Ma chambre était encore occupée et le patron m’a donc négocié un autre hostal mais seulement après m’avoir fait monter et descendre toutes les marches du sien avec ma mochilla. Au dîner j’ai gouté le Pisco Sour péruvien et vous vous douterez bien que le chilien est meilleur. Il ne me restait plus qu’à me coucher avant de profiter du Chili le lendemain.

jeudi 4 décembre 2008

Chapitre 12 - Passage rapide sur la lune

Je suis arrivée en même temps que le soleil dans la jolie ville d'Arequipa, mais j'ai mis plus de temps que lui pour trouver le centre ville.
Après une longue remontée de la rue principale copieusement enfumée par des véhicules en tous genres, je suis finalement arrivée sur la place centrale à l’heure du petit déjeuner. J’ai ensuite profité du doux soleil matinal qui chauffait les pierres blanches des monuments de cette ville qu’on dit lunaire. Un petit tour par la cathédrale m’a permis d’apprécier une fois encore l’architecture coloniale.


J’ai ensuite fait un bond d’encore quelques années en arrière en visitant le musée consacré à la culture Inca et surtout à la princesse de glace. Il s’agit d’une jeune fille qui fut offerte en sacrifice au sommet du volcan qui domine la ville. Son corps momifié est resté emprisonné par les glaces pendant des siècles jusqu'à ce qu’une éruption le libère et qu’une expédition aille le dénicher à plus de six mille mètres d’altitude. La momie extrêmement bien conservée est maintenant exposée aux yeux des touristes et des chercheurs. Pauvre petite. Il paraît qu’elle devait être honorée d’avoir été choisie comme offrande au Dieu des montagnes, n’empêche qu’on lui a quand même fracassé le crâne.

Pour poursuivre cette journée culturelle, je suis allée visiter le grand monastère de Santa Catalina, plus réputé pour la beauté de ses ruelles colorées et les frasques de ses novices que pour l’ascétisme de ses pensionnaires.



Après une petite pause pour un repas végétarien économique servi à vitesse grand V, c'est-à-dire avec tous les plats sur la table en même temps, je suis partie à la recherche d’un autre monastère, celui des franciscains.
C’est un petit musée qui s'ouvre sur une place où trône une collection de cactus à faire palir d'envie mon grand frère et avec des salles regroupant des objets religieux ou des animaux empaillés, ma foi assez intéressants.
Mais le clou de la visite et ce qui m’avait bien sûr attirée, c’était la bibliothèque et ses vieux livres plein de poussière et d’histoires. On y trouvait de tout en petite quantité et même, posés par terre, négligemment, quelques tomes de l’Encyclopédie !