dimanche 18 janvier 2009

Ami visiteur, il est temps de se dire au revoir

Ce blog promettait d'être éphémère et maintenant qu'il a survécu pendant plus d'un an et demi, il est temps de le cloturer.
Il promettait aussi de vous faire voyager, je crois que ce fut le cas et j'espère que vous en avez bien profité. Ce qui est sûr, c'est que nous, nous en avons bien profité de cette année de mobilité.

Allez, comme je ne suis pas beaucoup plus inspirée pour finir ce blog, je vais lancer le mot de la fin : à la prochaine !

Et puis merci à tous ceux qui nous ont suivis dans cette aventure !

La Famille Toulousaine vous salue.

samedi 17 janvier 2009

Solène le long de la Cordillère – Épilogue

Je pourrais encore vous raconter d’autres histoires, vous montrer un autre lac salé, des geysers, l’ascension d’un volcan, les moais de l’île de Pâques, ses chevaux sauvages et tous ceux qui vont avec.

Je pourrais mais il y a un moment où il faut savoir s’arrêter. Vous raconter tout ça, m’a permis aussi de le raconter à moi-même, de le revivre, de m’accrocher à cette année de mobilité, de la faire durer et vivre à Toulouse. Mais maintenant on est en 2009 et il est temps de vivre dans le présent. Ou dans le futur en rêvant aux prochains voyages.

Je termine en remerciant, ceux que j’avais déjà remercié : ma mochilla, mes chaussures, mon chapeau, le sac noir chilien qui a remplacé le petit bleu français. Et puis il faut aussi que je remercie les Andes, pour être aussi belles, pour m’avoir laisser les parcourir et ne pas m’avoir tuée. Je retournerais les voir et je vous invite à m’accompagner, à pied, à cheval, à vélo ou en ULM…



mardi 13 janvier 2009

Chapitre 20 – La boucle est bouclée

Ce matin là, c’est à cinq heures que j’ai dû m’extirper des couvertures pour aller prendre le bus qui devait m’emmener à la frontière argentine, quelques deux cents kilomètres plus au sud. Avant de monter dans celui-ci j’ai retrouvé, Mateo, Shark et Komi, avec qui j’avais partagé la soirée la veille et qui se dirigeaient dans la même direction, mais pas avec le même bus.
Je me suis ensuite installée dans le mien, couverte de mon sac de couchage pour résister à l’air gelé filtrant par les fenêtres mal jointes. Ma voisine est ensuite arrivée et je fus très dépitée de reconnaître en elle la française qui m’avait exaspérée à Puno. Heureusement, elle a dormi pendant la quasi-totalité du voyage et je n’ai eu à supporter que quelques remarques débiles. Pendant la première heure de voyage, j’ai tenté de l’imiter, mais le froid dans mes chaussures et la tentation du soleil levant éclairant le paysage m’en empêchaient. J’essayais d’enlever la glace à l’intérieur des vitres pour voir au dehors, mais chaque fois le froid regagnait rapidement ce que j’avais dégagé. Ce n’est que vers dix heures que le soleil a été assez chaud pour m’assister dans ma tâche. J’ai alors profité des immensités andines, des montagnes et des ravins, des virages en épingle et des détours par le lit du fleuve, plus praticable que le chemin. J’ai pu remplir mes yeux des couleurs de ce pays, elles y étaient toutes.

Nous nous sommes arrêtés une heure à Tupiza, où j’ai retrouvé mes compatriotes pour un petit déjeuner de hamburgers locaux. Cinq heures et quelques arrêts plus tard, le bus est arrivé à Villazon et s’est parqué à distance du terminal car la fête foraine l’empêchait de passer.

J’ai récupéré mes affaires et marché vers le Sud où j’imaginais trouver la frontière. J’ai d’abord traversé la fête, puis remonté une rue marchande où rivalisaient les vendeuses de coca et de mantas. J’ai tenté d’acheter une dernière poche de feuilles de coca avant de quitter le pays, mais les vendeuses ne semblaient pas disposées auprès de la clientèle étrangère. J’ai donc continué mon chemin et finalement aperçu le panneau frontalier. J’ai sorti mon passeport de son sac plastique, reçu deux jolis tampons et suis rentrée en territoire argentin. La différence s’est faite sentir tout de suite. Alors que le côté bolivien était coloré, dynamique, vivant, la ville argentine était beaucoup plus ordonnée, grise et plongée dans l’ennui.
Le terminal de bus par contre n’avait rien à envier à la Bolivie, crasseux et populeux. J’y ai acheté un billet pour Buenos Aires et discuté avec un flic bolivien, avant d’avaler un vrai steak argentin. Le bus est arrivé au terminal avec plus d’une demi heure de retard, mais dedans c’était le vrai luxe argentin, chauffage, sièges inclinables, télé qui fonctionne et même des vitres qui ne s’ouvrent pas.
En plus, j’y ai retrouvé mes compatriotes français qui rentraient chez eux, à Buenos Aires. En vingt cinq heures de trajet nous avons mangé trois repas, bu un certain nombre de verres de vin, regardé au moins cinq films américains et vu défiler la plaine argentine qui paraissait drôlement uniforme, après un mois passé en montagne. A une heure du matin, nous avons été tirés de notre sommeil par l’arrivée du bus, cinq heures en avance sur l’horaire ! Il ne me restait plus qu’à sortir Thierry, le cousin de ma mère, du lit pour qu’il vienne me chercher.

Les trois jours suivants, j’ai profité de son hospitalité et j’ai pu visiter rapidement Buenos Aires avec sa femme, Mariana et leur petit garçon Iván. Ils ont vraiment bien pris soin de moi, je me suis reposée et sentie cocoonée et ça faisait du bien après un mois d’errance heureuse.

Puis le jour fatal est arrivé. Le 31 juillet, ce voyage touchait à sa fin, les taxes d’aéroport m’ont délestée de mes derniers pesos argentins et je me suis envolée pour Santiago dans un avion d’Air Canada.
J’ai quand même eu droit à un dernier cadeau, pour boucler cette boucle en beauté, je suis repassée au dessus de mes Andes au coucher du soleil et elles étaient belles.


dimanche 11 janvier 2009

Chapitre 19 – On a roulé sur le lac

Ce fut finalement un tour d’une seule journée qui s’organisa le lendemain. Après m’être brûlée la langue avec mon dernier maté de coca, je suis montée dans le vieux 4x4 de l’agence, avec Amy, une états-unienne hispanophone (fait assez rare pour être souligné), deux toulousains, Denis et Clair et un bolivien, Freddy notre chauffeur. A peine quelques minutes après notre sortie de la ville, le salar est apparu, blanc comme neige mais sec comme un désert, plat comme un lac et grand comme un océan.
Avant de rentrer dans le village de Colchani où nous attendaient des vendeurs d’objets artisanaux fabriqués en sel, nous avons dû nous acquitter de la taxe servant à organiser les Fiestas Patrias à venir. Après les formalités touristiques nous avons récupéré dans leur hôtel de sel un couple d’allemands, accompagnés de leur petite fille adoptée en Bolivie. L’étape suivante fut celle des champs de sel, où s’alignent les petits monticules qui fourniront ensuite tout le pays en sel. Le chapeau était de rigueur, pour se protéger des ardeurs du soleil, comme les lunettes pour éviter sa réverbération sur le sel et l’écharpe pour résister au vent froid que rien n’arrête sur cette plaine d’altitude. Après quelques acrobaties, nous nous sommes remis en route, pour rejoindre le musée de sel, posé au milieu de nulle part. L’intérêt était très limité, mais il était vivement conseillé d’y acheter un petit quelque chose pour contribuer à son organisation.
Ensuite nous avons tracé la route, tout droit vers l’est et l’île du Pescado que l’on atteint en voiture. C’était sans compter sur l’état de notre pneu avant droit qui a choisi le beau milieu du désert pour annoncer sa mort. Tout le monde est descendu et les hommes se sont occupés de changer la roue pendant que nous autres faibles femmes buvions à leur santé !


Nous avons enfin atteint l’île sur laquelle nous avons crapahuté une bonne demi heure avant de redescendre déjeuner au milieu d’un troupeau de 4x4. J’y ai goûté ma première assiette de quinoa et dans un tel cadre je n’ai pu qu’être conquise.




Après quelques verres de vin et pitreries supplémentaires, il a fallu prendre la route du retour. Sur celle-ci nous avons croisé les restes de 4x4 accidentés quelques semaines auparavant : des débris de verres et une croix garnie de fleurs. Les véhicules roulent à plus de 100 km/h et même s’il n’y a pas de carrefour, les collisions y sont mortelles.
Enfin nous nous sommes arrêtés aux Ojos del Salado, à l’endroit où ressurgit l’eau emprisonnée sous ce lac de sel. Notre dernière étape fut le cimetière des trains, qui offrait le spectacle bien triste de la décadence de la feraille alors que dans notre dos, le soleil, roi en ces contrées, se couchait sur le salar et ma dernière journée en Bolivie.

Pour se réchauffer ce soir là, nous nous sommes retrouvés à quatre français, une japonaise et une états-unienne, pour boire un verre et manger des crêpes dans un restaurant français, enfumé mais aussi réchauffé par le feu alimenté en son centre. Une soirée sympa, avant que chacun continue son voyage de son côté.




samedi 10 janvier 2009

Chapitre 18 - Des rues pavées de sable

Mon bus est finalement parti avec plus d’une demi heure de retard, que j’ai mise à profit pour discuter avec la gentille petite fille de la gérante de l’agence qui a voulu tout savoir de ma vie et comprendre pourquoi je me baladais seule en Bolivie. Quand la nuit était bien tombée nous sommes finalement partis, dans le froid glacial de l’altiplano. Heureusement, j’avais prévu le coup et gardé mon sac de couchage avec moi. Après quelques heures de route chaotique nous nous sommes arrêtés au milieu de nulle part pour la poste pipi et ravitaillement. Enfin, le bus est arrivé à une heure du matin et le froid était saisissant. On parlait de moins quinze degrés, avec un vent venu du désert qui n’arrangeait rien. J’ai saisi ma mochilla au vol et frappé aux portes des hostals voisins. Aucun n’a voulu s’ouvrir et comme je commençais à geler sur place j’ai cédé aux avances d’un taxi qui s’est proposé de me trouver un hostal pas cher. Après quelques tentatives infructueuses une porte s’est ouverte derrière laquelle il n’y avait que des chambres à cent bolivianos, soit environ dix euros. J’ai accepté, même si c’était cher pour le pays et finalement je me suis installée dans une chambre à cinquante bolivianos que mon hôte venait de retrouver. Je me suis vite glissée sous les cinq couvertures, avec mes deux pulls et j’ai tenté de me réchauffer pour m’endormir.

Le lendemain, je me suis offert une grasse-mat jusque dix heures avant de prendre un petit déjeuner au soleil et de faire le tour des agences proposant des excursions sur le Salar d’Uyuni, le plus grand lac salé du monde. Tous les tours de deux jours étaient déjà partis et je n’avais pas trois jours devant moi pour une longue balade. Il a été décidé que l’on attendrait le lendemain matin, pour savoir si d’autres touristes voulaient se joindre à moi pour un tour de deux jours. Puisque je n’avais rien d’autre à faire qu’attendre, je suis partie visiter cette ville sablonneuse. En dehors des deux rues dévouées au tourisme, elle semblait déserte et non finie. Les pavés étaient entassés dans le sable, les ordures jonchaient le sol et pas un arbre ne tranchait avec l’austérité du désert.
Je suis sortie de la ville, dans l’espoir d’apercevoir le salar et j’ai rencontré un cimetière de trains rouillés. J’ai quand même aperçu, loin, très loin, les vapeurs brumeuses dégagées par le salar, qui donnaient un air d’autre monde à l’endroit.

Puis je suis repartie vers le centre, croisant des écoliers en uniforme sur mon passage, et des charognards tentant de récupérer une maigre pitance dans les ordures étalées partout. Le vent souffle fort et rien n’arrête les ordures volantes que les buissons épineux, qui se garnissent ainsi de fleurs décolorées et malodorantes.
J’ai ensuite passé quelques temps sur un ordinateur à l’accès Internet plus que lent, avant de manger rapidement et de retourner marcher, vers les montagnes cette fois ci. Sur l’altiplano les distances ne sont pas perçues de la même façon, j’ai eu beau marcher plusieurs heures, les montagnes que je visais ne se rapprochaient pas.
J’ai finalement abandonné confrontée à l’avancée du soleil vers l’ouest et ai bifurqué vers un village abandonné. J’y ai croisé un gardien de lamas en sandales qui guidait ses bêtes vers de maigres pâturages. Nous avons discuté un peu et il m’a confié qu’il allait dormir dehors avec ses bêtes et une couverture râpée. Je lui ai souhaité bon courage et suis repartie vers la ville car le soleil se couchait et j’étais moi bien incapable de passer la nuit dehors.

Mon retour en ville fut accueilli par les fanfares qui sortaient d’une maison enfumée où se préparait un mariage. Je suis ensuite partie me réchauffer dans un restaurant où deux françaises m’ont accueillie à leur table. Le plat de spaghetti a tardé à venir mais la discussion était agréable. Après une nouvelle tentative d’Internet, vite avortée pour cause de connexion impossible, je suis retournée dans mes fraîches pénates pour rêver aux surprises du lendemain.

vendredi 2 janvier 2009

Chapitre 17 – L’argent ne fait pas le bonheur

Au petit matin j’ai rejoint l’agence qui s’occupait des visites de la fameuse mine d’argent de Potosi pour boire un maté avec les autres touristes et signer le papier qui déchargeait l’agence de toute responsabilité en cas de décès. Après cette petite formalité nous sommes partis nous équiper pour la mine.


Avec tout notre barda nous avons fait un arrêt au marché des mineurs. Tous les mineurs sont indépendants et ils doivent donc acheter eux-mêmes leur matériel. On a joué un peu avec des bâtons de dynamite et des bâtons de fertilisants censés renforcer l’effet de l’explosif. Ensuite, nous avons pû gouter l’alcool de mineur, qui culmine à 96°. On le boit au bouchon après avoir fait une offrande à la Pacha Mama et au Tio de la mine, qui vont ensuite nous protéger des dangers souterrains. Enfin, nous fûmes sommés d’acheter des feuilles de coca et de la boisson pour offrir aux mineurs que nous rencontrerons. Pendant ces achats, notre guide est parti prendre son petit déjeuner. Une fois que nous l’avions retrouvé nous avons continué jusqu’aux usines de traitement de la roche, où l’on a pû voir l’argent en suspension dans les bassins.


La dernière étape avant la mine fut le point de vue sur la ville et le Cerro Rico, la fameuse montagne creusée de centaines de galeries.



Devant l’entrée de la mine nous avons reçu les dernières consignes, laissé passer des wagonnets poussés par des mineurs, puis nous avons pénétré dans l’antre du Tio. Les premières galeries n’étaient pas larges et nous avons tout de suite été plongés dans le noir. Quelques mètres plus loin nous avons dû nous faufiler entre la paroi et les wagons arrêtés sur les rails, avant de rentrer dans un petit musée consacré au monde de la mine.





C’est ensuite que la véritable aventure a commencé. Nous avons rampé dans des galeries, respiré de la poussière, mâché de la coca, descendu des échelles, avancé à quatre pattes ou courbés. De temps en temps nous nous arrêtions et nous collions à la paroi pour laisser passer des wagonnets remplis de roches, poussés et tirés par quatre hommes en sueur. Il faisait très chaud et l’air était irrespirable. Les mineurs travaillent jusqu’à ce que leur état de santé les en empêche, vers trente-cinq ou quarante ans. Ensuite ils peuvent jouir d’une petite retraite avant de mourir quelques temps plus tard, d’une infection des poumons ou d’un cancer… Un jeune mineur de dix-neuf ans, travaillant depuis un an, dix huit heures par jour en moyenne, la joue pleine de coca, nous a expliqué que ce travail était dur mais il payait bien pour ceux qui sont prêts à beaucoup travailler.



Nous sommes descendus jusqu’à la troisième galerie où nous avons rencontré Alvaro, occupé à percer un trou dans la roche pour y introduire un bâton de dynamite. Il nous a expliqué, sans s’arrêter de taper, qu’avec la coca, un mineur peut travailler vingt-quatre heures sans boire ni manger et c’est quand même bien pratique.

Après plus d’une heure dans la mine nous sommes ressortis par une galerie gelée où les stalactites offraient un spectacle bien différent de la poussière d’enfer des autres galeries. Une fois à l’air libre, nous avons eu droit à une démonstration d’explosion de dynamite et personne n’était volontaire pour aller lancer le bâton.

Ma gorge était toute sèche et je ne pouvais plus parler après ça. Je suis retournée à l’hostal prendre une douche et payer et j’ai surtout bu beaucoup d’eau pour essayer d’apaiser la brulure de ma gorge. J’ai ensuite déjeuné avec un allemand sympa qui avait fait la visite avec moi avant d’aller faire un tour au musée de la Moneda. C’est l’ancien lieu de production des pièces de monnaie à partir de l’argent extrait de la mine. Toutes les pièces de l’Europe étaient produites ici. Aujourd’hui, toute la monnaie bolivienne est fabriquée à l’étranger, et notamment les billets à Rennes.





Enfin, il ne me restait plus qu’à trouver un bus pour ma dernière étape bolivienne. Au terminal j’en ai trouvé un partant à 18 h 30. Comme j’avais deux heures d’attente je suis montée à la tour mirador, qui domine la vallée à l’ouest de la ville et j’ai regardé la route désertique qui serpentait à travers les hauteur andines, en repensant à ces mineurs qui devaient continuer de taper sur les entrailles de la Pacha Mama.