mardi 29 avril 2008

Chapitre 5 – Sous les glaciers, la lave

Après avoir profité d’une bonne nuit de sommeil, je suis partie chercher un petit déjeuner et un billet de bus pour Pucón, ma prochaine destination, 25 kilomètres plus à l’est. J’ai laissé ma mochilla à la consigne du terminal et suis partie à la découverte de la ville de Villarica.

C’est au détour d’un chemin que je l’ai aperçu, alors que je ne m’y attendais pas, je pensais en être encore loin. Il était bien là, majestueux, couronné de neige, le volcan Villarica.

Mon premier volcan. Avant de le voir je cherchais mon chemin, après l’avoir aperçu je suis partie vers lui, attiré par sa puissance. Je suis arrivée au bord du lac Villarica d’où la vue est magnifique et j’ai sauté de pierres en pierres pour m’en rapprocher encore un peu.



C’est de là que j’ai aperçu une colline de l’autre côté de la ville. Je me suis aussitôt mis en tête d’y monter, pour le voir d’un peu plus près, sous un autre angle. En traversant la ville je me suis rendue compte de l’influence germanique du lieu, qui en fait une ville tranquille à l’heure de la messe et un peu plus animée l’après midi, sur les berges du lac.



J’ai ainsi rejoins la route pour monter à l’assaut de cette colline. Cependant, comme la route ne faisait que la contourner, je l’ai vite quitté pour prendre un chemin qui montait vers de belles propriétés bien gardées et aux jardins impeccables, avec vue magnifique sur le lac. Plus haut le chemin était barré et j’ai donc coupé à travers des pâtures puis du bois pour finalement, suivant mon instinct, arriver à une clairière et atteindre mon but.



Un peu plus loin j’avais une autre vue magnifique, sur un autre Villarica.




Puis le temps est venu de redescendre, de manger un steak trop cuit et de prendre mon bus.

Je suis arrivée à Pucón en milieu d’après midi. J’ai remarqué d’emblée que c’était une ville bien plus touristique que Villarica. Tout le centre ville est fait en bois, les restaurants succèdent aux agences de tourisme et il n’y a que des gens en short, en maillot de bain et en tongs dans les rues. Au pied du volcan et au bord du lac, cette ville est remplie en été de jeunes en quête de fêtes et d’aventures.
Pour ma part, j’étais venue pour l’aventure et je suis donc partie me renseigner sur l’ascension du volcan après avoir trouvé un logement. Dans l’agence des français très gentils m’ont bien accueillie, bien conseillée et il a été décidé que je ferai l’ascension le lendemain si le temps s’y accordait. Après cela je suis partie pour la plage, bondée comme celles de méditerranée en été, mais faite de grains de lave et non pas de sable. L’eau était très bonne, très claire, très encombrée, pas facile d’y nager tranquillement.

Une fois sèche j’ai passé une soirée tranquille à déambuler dans les rues de la ville, avant d’aller me coucher tôt, car je devais me lever à 6 heures le lendemain pour la conquête du volcan.

Ma nuit fut assez agitée, au sens propre du terme, puisqu’il y a eu un petit tremblement de terre. Pas bien méchant, mais suffisamment fort pour me réveiller et faire hurler les chiens. Après ça, avec la chaleur et l’excitation pour le lendemain, j’ai eu du mal à me rendormir.

Il y avait en effet de quoi rester éveillée tellement l’expérience fut extraordinaire. A 7 heures du matin notre petit groupe de dix personnes, dont trois guides est parti en bus pour le départ de la randonnée, au pied du télésiège, à 1400 mètres d’altitude. Il était prévu de prendre le télésiège, pour éviter la partie la moins drôle du chemin et gagner une heure, mais le vent soufflant par rafales en a décidé autrement. Nous sommes donc partis vaillamment, en ligne nous aidant de nos piolets, à l’attaque de ce monstre bouillonnant. Comme je peinais un peu à suivre tous ces hommes, le chef guide m’a fait passer derrière lui et un autre m’a prêté un bâton. Ainsi j’ai pu garder le rythme et je n’étais pas la dernière.
On se rapproche, doucement
L’ascension a duré cinq heures, sous un soleil de plomb dont l’effet était atténué par la glace sur laquelle nous marchions. C’était raide, intense et beau. Nous avons appris à nous rattraper avec les piolets en cas de chute sur le glacier et surtout à éviter de tomber en faisant bien attention où nous allions et en suivant pas à pas le guide. Il n’y a ainsi eu aucun incident. C'est une ascension très touristique, car pas très dangeureuse, mais il faut être prudent tout de même.
La dernière partie avant le sommet fut la plus raide, la plus difficile est la plus dangereuse à cause des pierres qui roulent, mais la récompense fut grandiose. D’un coté le cratère fumant d’un volcan en activité, de l’autre et à perte de vue, des montagnes, des lacs, des forêts, des glaciers. Que de merveilles, sous un ciel bleu immaculé.
J'y suis arrivée !Par là c'est l'Argentine

Nous avons pu faire le tour du cratère pour admirer les alentours à 360°, la frontière argentine, le parc national Villarica, le volcan Llaima en éruption au loin, les glaciers sur le flan du volcan.

Puis il a bien fallu s’éloigner des vapeurs toxiques et redescendre. Nous avons donc revêtu notre équipement et c’est assis sur des pelles en plastiques que nous avons glissé vers Pucón. Ce fut une expérience géniale, faire de la luge sur des pentes super raides, freinant avec un piolet, maîtrisant la vitesse pour ne pas finir dans une crevasse. Beaucoup d’adrénaline et beaucoup de plaisir. Un des guides faisant même du ski sans spatule et avec classe.
Il fait chaud là dessous !Pour tenter de vous donner une idée de la descenteAttention aux crevasses !

Arrivés sous la neige nous avons retiré notre équipement et continué la descente. Comme les pentes du volcan sont faites de poussière de lave les derniers mètres se parcourent en courant, comme dans des dunes de sable. Une autre expérience géniale.

Dans le bus qui nous a ramenés en ville nous étions tous exténués et plusieurs se sont endormis. Un verre de bière fraîche nous attendait à l’arrivée, sur la terrasse de l’agence. Nous avons discuté un peu, en anglais, en français, mais pas en espagnol. Nous nous sommes remémoré l’ascension et avons échangés sur nos expériences précédentes.

C’était encore une journée bien remplie et une expérience inoubliable. Restait à décider que faire le lendemain.

Deux suisses très sympas, avec tout leur équipement

dimanche 27 avril 2008

Chapitre 4 - Retour à la terre

De retour sur le continent, une voiture m’a ramenée au terminal de bus de Tirúa d’où partent seulement des bus pour Concepción, or je voulais rejoindre Temuco, un peu plus au sud et à l’est, à 677 kilomètres de Santiago et à 160 kilomètres environ de Tirúa. Il était midi et le prochain bus dans cette direction, pour Carahue, partait à 16 heures. Je souhaitais en profiter pour aller sur Internet, vu que j’avais été totalement coupée du monde sur l’île. Malheureusement, il semblait que le patron du cyber café était parti avec l’ordinateur. Toutes les autres boutiques étaient fermées donc je me suis dirigée vers la rivière et assise sur un banc pour lire un peu.
Plus tard, après avoir discuté avec une touriste chilienne qui partait fêter son anniversaire sur Mocha avec son mari et son fils, je me suis mise à la recherche d’un endroit où manger. Un gentil monsieur qui frimait sur sa belle moto rouge m’a proposé de m’emmener au restaurant La Isla où, selon lui on mange très bien. Je suis donc montée sur sa machine et nous avons parcouru deux cents mètres en vrombissant. Suffisant pour ma première expérience sur une moto, avec sac à dos en plus.
J’ai mangé un plat énorme, composé de poisson frit, de pommes de terres et d’une salade chilienne (tomates et oignons) pour seulement 2000 pesos, soit moins de 3 euros. Il y avait même du spectacle dans cette ville pourtant bien calme habituellement. J’ai en effet assisté à un début d’incendie sur le cerro, que je voyais parfaitement depuis le premier étage du restaurant. Puis j’ai vu courir les pompiers, enfilant leur équipement et j'ai vu les camions démarrer peu après. Puis j’ai finalement trouvé un réseau Internet que j’ai utilisé pendant une petite heure avant d’aller prendre mon bus, car avec tout ça il était quasiment 16 heures.


Ce dernier était vraiment tout pourri, les vitres ne fermaient pas, mais vu la chaleur ce n’était pas bien grave. Les gens étaient entassés dedans, quand je croyait qu’il n’y avait plus de place, ils en trouvaient encore. Le bus s’arrêtait tous les kilomètres, voir plus souvent, pour faire monter des gens venus de chez eux en charrettes à boeufs, avec leurs sacs de patates, de farine et leurs cageots de pommes. Comme je suis montée à une des premières étapes, j’avais la chance d’avoir une place assise, que je n’aurai même pas pu céder par politesse vu que tout mouvement était impossible dans les couloirs. Avec tout ça nous avons dû traverser la Cordillère de la Côte et le bus peinait terriblement dans les montées. J’ai plusieurs fois cru qu’il nous faudrait descendre pour pousser. Pendant tout le temps du trajet nous étions sur une piste et comme le plancher du bus était assez poreux j’ai avalé énormément de poussière. J’en avais partout, dans les chaussures, les cheveux, sur le sac, sur les vêtements et sur la peau. Je n’avais jamais parue aussi bronzée.

C’est dans cette ambiance particulière, après deux heures et demie de voyage et 75 kilomètres que je suis arrivée à Carahue, la capitale de la pomme de terre. De là je devais prendre un autre bus. Comme j’étais assez pressée pour arriver avant la nuit à Temuco et que personne ne semblait s’occuper des soutes, je suis allée chercher moi-même ma mochilla, ce qui m’a valu de colorer encore plus mes mains en ouvrant la porte de la soute, recouverte de poussière et d’huile.

J’ai ensuite trouvé un autre bus qui heureusement ne coûtait que huit cent pesos ; après avoir payé il ne me restait que vingt pesos et il n'y avait aucun distributeur à l’horizon. La route jusqu'à Temuco était toute neuve et nous avons donc fait les 85 kilomètres restant en seulement une heure et demie. Arrivée à 21 heures je pensais d’abord dormir sur place, mais comme rien de ce que je voyais ne m’inspirait et que je n’avais plus de sous je suis allée vers un autre terminal de bus où j’ai pu retirer de l’argent, manger un bout et prendre un billet pour Villarica, à 87 kilomètres encore un peu plus au sud et à l’est.

A l’arrivée, vers 23 heures, tous les hostals étaient pleins ou ne voulaient pas m’accueillir pour ne pas occuper une chambre double avec une seule personne. Après une demi heure de recherche et de nombreux refus, j’ai finalement réussi à convaincre une jeune chinoise de me laisser une chambre, alors que je commençais presque à m’imaginer passer la nuit dehors. J’ai donc eu une grande chambre pour moi toute seule et de l’eau chaude dans la douche. Le rêve pour me débarrasser de toute cette poussière avant d’aller profiter d’un feu d’artifice sous mes fenêtres.

Cette journée de voyage fût assez fatigante, mais elle m’a permis de découvrir un peu la réalité de la campagne chilienne, loin du goudron et des publicités de la Panaméricaine.
Et une grande surprise m’attendait à mon réveil.

jeudi 24 avril 2008

Chapitre 3 - Le Paradis est Mocha

Le vol a duré dix petites minutes, pendant lesquelles j’ai pu me rappeler mes leçons de vol dispensées en Ariège, puisque j’avais le palonnier et le tableau de bord devant moi. Aussi j’ai admiré le continent s’effacer derrière nous, l’océan s’étaler en dessous, et l’île Mocha se profiler à l’horizon.



Nous avons atterris sur la petite piste de l’île, au bord de laquelle était réunie une grande partie de la population de l’île qui compte six cent habitants environ. Ils n’étaient pas venus pour nous accueillir, mais pour prendre l’avion pour Concepción qui leur permet de rejoindre le continent collectivement et de les ravitailler une fois par semaine.
Grâce au jeune couple chilien qui m’avait déjà bien aidé pour prendre l’avion, j’ai trouvé un logement et un gentil monsieur qui s’est proposé de m’y amener. Nous nous sommes donc dirigés vers le parking et je me suis retrouvée plongée quelques années en arrière, chez mon grand père, dans le Far West axonais.

La charrette nous a menés mon guide et moi, via un chemin de sable, vers le centre administratif de l’île, c'est-à-dire un groupement de maison où se trouve aussi l’église, le collège et les carabineros, du côté nord est. Je me suis installée dans la chambre d’une petite maison d’hôtes, face à la mer. Avant de manger je suis partie marcher au bord du Pacifique et découvrir le village.

Après un repas copieux servi par la maîtresse de maison, dans sa cuisine, je suis partie pour le parc national. L’île d’origine volcanique est constituée d’une plaine bonne seulement pour l’élevage et d’un cerro recouvert de forêt primitive. Je suis montée dans cette forêt magnifique jusqu’à une lagune qui manquait un peu d’eau et d’où émanaient des volutes de souffre. J’y ai quand même trempé les pieds et profité du soleil avant de continuer mon chemin vers le mirador, côté ouest. De là j’avais une vue magnifique sur le Pacifique, et l’étendue des eaux, interrompue seulement par l’île de Pâques, à 3700 kilomètres de là. J’y serais bien restée des heures tellement la beauté était prenante, éblouissante, mais je devais continuer mon chemin pour en voir plus.
La laguna Hermosa
Vues depuis le mirador

En redescendant vers l’océan j’étais seule, avec des moutons, des oies et des chevaux. Quand soudain surgit un cavalier sur la plage. Il montait sans selle, se contentant d’une peau de mouton. Comme moi il a admiré les vagues puissantes et magnifiques, les roches façonnées par les ans et les eaux, avant de repartir vers le nord pour contourner l’île.



Alors que je passais sous un rocher peuplé de mouettes, je me suis fait bombardée par celles-ci, ce qui m’a obligé à accélérer mon pas. J’ai continué de marcher sur ce chemin, absorbée par la beauté de ce paradis sauvage, sans rencontrer d’autres âmes avant de rentrer à bon port pour le dîner.

Ce dernier fut composé de locos, un coquillage dont le prix est aussi fou que son nom, cuisiné par le professeur du collège et fils de la propriétaire. Copieux et avec du caractère, les locos m’ont séduite. J’ai ensuite discuté un peu avec mes voisins, deux étudiants en biologie et vétérinaire qui venaient pour rencontrer certaines espèces animales de l’île. C’était très intéressant et j’ai beaucoup travaillé mon chilien ce soir là. Nous sommes rentrés nous coucher dans notre petite maison sous les étoiles, fatigués par nos marches et par le vent du large.


Ma petite maison dans la prairie

La vue depuis ma chambre

La cuisine


A l’origine je pensais repartir le lendemain matin, d’autant plus que je n’ai pas rencontré de possibilité de plongée sur l’île. Cependant, face à tant de beautés et à la sympathie de mes hôtes et de mes voisins, j’ai décidé de rester une journée de plus.

Le lendemain matin je n’ai pas pu faire autrement que d’aller goûter le Pacifique. Il était froid et vigoureux, mais entre quelques rochers j’ai pu me baigner, sous le regard des vaches et des mouettes. En sortant le soleil ne voulait pas se montrer pour me sécher alors je me suis réfugiée dans tous les plis de ma serviette, respirant à fond l’air marin.


L’après midi je suis partie faire le tour de l’île vers le sud, le côté le plus long. Je suis repassée par la forêt et une autre lagune, complètement à sec celle-ci. Une fois de l’autre côté de l’île je suis passée à travers les pâtures pour rejoindre le phare et atteindre son sommet en grimpant à son échelle rouillée. Des chiliens m’attendaient là haut, pour discuter un peu et admirer la vue à couper le souffle. Je suis redescendue, j’ai admiré, j’ai enlevé mes chaussures et avancé sur le sable fin caressé par des vagues rugissantes qui s’étendaient le long de plages paradisiaques.


Tout le monde ne profite pas de la même façon du Paradis et il y avait là aussi de nombreux insulaires qui récoltaient les algues sur la plage, pour les envoyer plus tard vers le Japon.


Sur une autre plage des poulpes, piégés par la marée luttaient par dizaine contre leur mort imminente et stupide. Ils sont moches et bêtes, mais de les voir lutter ainsi j’étais prise de pitié pour ces gros bouts de caoutchouc vivant ou agonisant, perdant leur souffle et leur encre sur la plage, dans les dernières vagues de la marée, avant que les mouches ne viennent s’en repaître.

Le retour à la maison fut très long et heureusement, un des seuls véhicules à moteur de l’île m’a prise en stop pour les derniers kilomètres avant que la nuit ne tombe. Au dîner c’était fête, pour cause d’anniversaire de celui que je crois être le père du professeur. Gâteaux apéritifs et soda au goût de médicaments furent au menu. On a beaucoup discuté, beaucoup rit, comme en famille. C’était bien, j’étais bien, je ne voulais pas partir.

Pourtant il fallait bien continuer et j’ai fait mon paquetage le lendemain, j’ai pris des photos chez les carabineros qui m’y avait invité puis, le cheval indisposé mais vaillant tout de même, nous a mené à l’aérodrome et nous nous sommes envolés, mes voisins pour retourner à leurs études, moi pour rejoindre les Andes.

J’ai passé deux jours inoubliables sur cette île magnifique. Un petit paradis de 14 km de long et 6 km de large, près des côtes et déjà dans l’immensité pacifique, puissante, enivrante, grandiose, impressionnante. Les gens y sont accueillants, généreux de cœur et bavards, à l’image de leur petit bout de terre, leur monde à eux, loin de tout, proche du cœur.

mardi 22 avril 2008

Chapitre 2 - Le long chemin du Purgatoire

Après Concepción, mon but était de rejoindre une petite île à une trentaine de kilomètres des côtes où, d’après mon guide il est possible de faire de la plongée. J'ai donc pris le bus pour rejoindre la petite ville de Tirúa, d’où partent des bateaux pour l’île en question. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il me faudrait cinq heures pour parcourir les 150 kilomètres. Le vieux bus tremblant a parcouru la Cordillère de la Côte a vitesse très réduite, peinant dans les montées et soulevant des nuages de poussière de la piste qui sert de route principale. C’était long, chaud et poussiéreux, mais la vue sur l’océan était magnifique par moment, même si j’ai cru ne pas y arriver avant la nuit.

J’ai finalement débarqué dans un patelin que je crus d’abord fantôme. Je me suis mise en quête d’un logement pour la nuit et d’information sur les bateaux et c’est là que j’ai rencontré les premières âmes de cette ville d’un peu plus de cinq mille habitants. Le premier hospedaje était même complet. En cherchant un autre j’ai aperçu de la pub pour l’île où je souhaitais me rendre, dans un local servant de boucherie. Je me suis alors approchée timidement de la bouchère pour lui demander des informations. C’est bien son mari qui transporte les gens sur sa barque vers l’île, moyennant paiement et trois heures d’une mer souvent mouvementée. Il fallait attendre l’époux en question pour avoir de plus amples renseignements.

Je suis donc allée poser mon paquetage dans un établissement plus que sommaire, avant de me planter dans la boucherie pour patienter une « petite heure ». C’est là que j’ai découvert que mon hôte avait cinq enfants, en les voyant rentrer de l’école les uns après les autres et que une heure vaut plus que soixante minutes en chilien. Le petit dernier, une dizaine d’année, était très gentil. Il m’a fait la bise et est même allé me chercher une part de gâteau pour que je ne meure pas de faim en attendant son père. Tout ça pour qu’en arrivant ce dernier me dise « on part demain à 11 heures », sur un ton fort peu agréable, avant de s’en aller boire un coup.

Ce n’était pas bien grave malgré tout et je suis retournée dans mon hospedaje pour demander à dîner. J’ai eu droit à un petit déjeuner copieux, ce qui m’a permis de comprendre que les chiliens prennent leur goûter vers 19h 30. Ensuite, j’ai suivi le frère de la bouchère qui m’a guidée jusqu’au port. Nous avons discuté un peu, puis, attiré par un match qui se jouait dans le gymnase de la ville, il m’a abandonné avec son jeune fils qui ne savait pas trop quoi faire de moi. J’ai finalement retrouvé le chemin de mon auberge grâce à lui, avant de retourner sur mes pas car j’avais cru comprendre que c’était un match de handball qui se jouait ce soir là. Méprise, ce n’était que du baby football, c'est-à-dire du football en salle, ce qui ne m’a captivé que cinq petites minutes, histoire de me rendre compte de ce que c’était. Je suis rentrée pour prendre une petite douche à l’eau froide et me coucher sans souper, car le goûter m’avait largement suffi. La porte de ma chambre, en bois brut laissait passer un peu de lumière par le trou en son milieu et heureusement, car la propriétaire avait oublié de mettre une ampoule au plafond. J’ai quand même trouvé mon lit dont le sommier en ressort tout détendu a rappelé à mon dos de douloureux souvenirs d’internat et dont les draps on laissé de jolis petits boutons sur mon corps jusque la préservé, mais j’ai globalement passé une bonne nuit, toute fatiguée de ma journée que j’étais.


La première journée dans cette ville m’a laissé une très bonne impression. Elle est comme un petit village où tout le monde se connaît et j’y ai trouvé beaucoup de gens prêts à m’aider, même si la plupart des habitants me regardaient comme une bête curieuse.
J’avais déjà l’impression d’être au bout du monde.

Cependant, j’ai un peu déchanté le lendemain. La nuit fut très agitée à cause des nombreux chiens qui aboyaient sous mes fenêtres et du froid. Nous étions encore en plein été, mais les nuits étaient fraîches et les planches de bois mal jointes isolaient peu. Ce doit être terrible en hiver, il peut même geler par là.


Je me suis dirigée vers le port pour être sure que le bateau était bien là, avant de prendre mon petit déjeuner. Bien m’en a pris. Sur le chemin deux jeunes chiliens en pick up m’interpellent. Ils cherchent le port pour prendre le même bateau que moi. Je monte donc avec eux pour leur montrer où il est et cela m’arrange bien car ce sont eux qui vont aux renseignements, mon espagnol restant encore très limité. Il s’avère que les bateaux ne partent pas car « la mer est mauvaise ». Le temps est magnifique et je la vois d’huile, mais bon, je ne suis pas marin…


La seule solution reste l’avion. Là encore j’ai eu de la chance, car seule je n’aurais jamais trouvé. J’ai renoncé à mon petit déj, rangé mes affaires rapidement et suis remontée dans le pick up qui partait pour la piste d’atterrissage. Arrivés en haut de la falaise, au bord de la piste il n’y avait personne. En continuant un peu, nous avons finalement trouvé un hangar. Ne restait qu’à attendre le pilote. Celui-ci est finalement arrivé, nous l’avons aidé à sortir l’avion et nous sommes entassé à quatre plus tous les bagages dans un petit coucou. Et hop, sans autre forme de procès, nous avons décollé pour le Paradis.








Vue de Tirúa depuis l'avion