lundi 8 septembre 2008

Chapitre 8 – Une vraie touriste

Le temps était venu d’abandonner un moment la Bolivie et de faire un petit tour au Pérou, pays où la saison touristique bat son plein en juillet. J’ai changé de l’argent en me faisant avoir sur la commission, je suis montée dans un bus pour touristes et nous sommes partis vers la frontière. Le passage des douanes se fit à pied, sans problème. Ensuite nous avons longé le lac Titicaca pendant deux heures, avant de faire une pause à Puno pour acheter à manger et changer de bus. Je me suis acheté un sandwich et des Pringles, comme presque tous les autres du bus. Puis nous sommes remontés pour dix heures de bus, au travers de paysages d’abord désertiques puis ressemblant de plus en plus à des vallées fertiles.

A l’arrivée à Cuzco vers 21 heures, j’ai remonté l’avenue du Soleil pour me rapprocher du centre et trouver un hostal. J’ai mis un peu de temps à trouver, mais mon instinct a fini par bien me guider. J’ai trouvé une jolie chambre pas trop chère, avec en plus une vraie douche disposant d’eau chaude pour moi toute seule. L’ancienne capitale des incas et la nouvelle capitale du tourisme péruvien m’a parue très jolie après ce premier aperçu nocturne.


Je n’ai malheureusement pas pu en profiter le lendemain à cause d’une petite intoxication alimentaire qui m’a donné envie de rester dans ma belle chambre toute la journée. Cependant, comme je m’ennuyais et que je voulais quand même découvrir la ville, je suis sortie un peu. J’ai réussi à me traîner jusqu’à la place centrale où je me suis assise sur un banc pour me reposer et prendre quelques photos. Un médecin s’est assis à côté de moi et j’ai ainsi eu droit à une consultation gratuite. Après un passage à la pharmacie pour un médicament et au restaurant pour un bouillon de poule, je suis retournée me coucher.





Le lendemain je me sentais un peu mieux et je suis donc partie visiter la ville. Je me suis baladée un peu au hasard, j’ai monté un escalier fort raide que je croyais mener à une jolie église. Finalement ce n’était pas ça mais j'ai quand même profiter de la vue avant de redescendre par un chemin inconnu. Une fois en bas j’ai du faire une pause car je n’étais pas encore bien remise.

Après une petite demi-heure passée à regarder les voitures, je suis repartie et j’ai pris un bus pour aller visiter un petit bout de la Vallée Sacrée. Le bus local ne s’est pas arrêté au niveau du site que je voulais voir et j’ai donc du reprendre la route à pied pour voir le Pukapukara une forteresse construite avec des pierres taillées parfaitement.



Ensuite j’ai décidé de rentrer à pied pour profiter du magnifique paysage sous les couleurs du crépuscule. Le problème fut que j’étais encore loin de Cuzco et la nuit est vite tombée. Comme les abords de Cuzco ne sont pas réputés très fréquentables la nuit, j’étais contente de trouver un livreur de bière terminant ses livraisons qui a accepté de me ramener en ville dans sa voiture. Je suis donc rentrée saine et sauve en ville et j’ai pu récupérer ma mochilla pour poursuivre mon voyage vers ma prochaine étape, la mythique cité perdue des Incas.

samedi 6 septembre 2008

Chapitre 7 – Où l’eau et le feu consument leur amour

Ma chambre à Copacabana ne coutait pas cher mais elle avait le désavantage d’être voisine d’un coq insomniaque.
Je me suis donc levée bien tôt et j’ai commencé ma journée par un passage devant la cathédrale de la ville où des véhicules en tous genre attendaient leur bénédiction, couverts de fleurs et de drapeaux boliviens.


J’ai ensuite suivi les conseils de mon guide (Lonely Planet, je ne le recommande pas) et pris un taxi jusqu'à la grotte de Lourdes, pour raccourcir le long chemin qui me séparait de l’île du soleil. Le chemin surplombant les eaux du Titicaca offrait des vues magnifiques sur son bleu profond. Une fois le taxi reparti je me suis mise en route sous le soleil andin, avec ma mochilla sur le dos. La première montée fut bien difficile, l’altitude étant toujours proche de quatre mille mètres. Un petit vieux m’a salué, des enfants m’ont demandé une pièce et un âne s’est moqué de ma fatigue, lui qui se reposait tranquillement à l’ombre des eucalyptus.


Le reste du chemin était plus plat mais aussi de plus en plus chaud. Les eaux du lac m’attiraient avec leur fraîcheur et leur beauté. Après deux petites heures de marche, un garçon d’une dizaine d’années s’est approché et m’a proposé de me faire traverser jusqu’à l’Isla del Sol dans la barque de son père. J’ai d’abord refusé et il s’est attaqué à deux américains qui ne comprenaient rien ou faisaient semblant de ne rien comprendre. Il est donc revenu vers moi et m’a fait son baratin. Le chemin était encore long jusqu’à l’embarcadère officiel, il ne passait pas au bord du lac et ma mochilla était lourde. J’ai donc fini par accepter. Il m’a mené jusque chez lui et son père m’a prouvé qu’il était sérieux en me montrant le Lonely Planet en Allemand. C’est donc Olivio, 14 ans, mais paraissant bien moins, qui s’est mis à l’arrière du bateau et a été chargé de me mener à bon port. Nous avons discuté un peu et se fut une traversée fort sympathique, avec vue sur la cordillère enneigée derrière le lac.



Le débarquement fut un peu chaotique, surtout à cause de ma mochilla qui ne facilitait pas mon équilibre. Mais j’ai finalement réussi et mon petit capitaine et reparti chercher d’autres clients.

J’ai suivi le chemin qui montait méchamment avant de me faire aborder par un autre garçon, haut comme trois pommes celui là, mais la tête bien sur les épaules. Il m’a plus ordonné que proposé de le suivre jusqu’à un hostal dans le village voisin. Il marchait très vite sur ses petites jambes et moi je peinais derrière avec mes sacs. Je me suis retrouvée dans une petite chambre pas chère, avec vue sur l’île de la Lune et la cordillère. Le petit a récupéré son pourboire avant d’aller chercher d’autres pigeons.

Finalement, le trajet qui aurait du me prendre la journée selon mon guide ne dura que la matinée. Il me restait donc une après midi pour découvrir l’île du Soleil. J’ai commencé par déguster la spécialité locale, une truite grillée, accompagnée d’une bière tiède et pas bonne du tout.


J’ai ensuite cherché les chemins de l’île pour une petite balade, mais je me suis un peu perdue entre les terrasses qui surplombent cet océan d’altitude. Les habitants de l’île semblent vivre encore pour la plupart de l’agriculture de subsistance et de l’élevage de vaches, chèvres et poules. Les enfants jouent pieds nus, les femmes travaillent, les hommes sont quasiment tous absents, certainement au travail en ville. Ceux qui restent discutent ou fabriquent des briques d’adobe pour les maisons. Les paysages sont merveilleux, l’eau donne envie de se baigner mais la température des ces hauteurs n’est pas celle de la méditerranée.







En coupant à travers les pâtures j’ai retrouvé un chemin qui menait au point le plus élevé de l’île, d’où j’ai pu admirer le plus beau coucher du soleil du monde. Il faudrait être poète comme Pablo Neruda, pour vous décrire cette merveille. Ou il faudrait plus qu’un seul cœur pour en amasser toute la splendeur.


Après une bonne soupe je suis partie me coucher tôt, pour être levée avec le soleil le lendemain matin. Il est sorti de sa cachette, derrière les pics enneigés, pour se regarder dans le miroir du lac où il est né.
J’ai suivi un chemin bien tracé pour traverser l’île et visiter des ruines labyrinthiques avant qu’elles ne soient envahies par une horde de touristes récemment débarqués du bateau en provenance de Copacabana.



Je suis redescendue de l’autre côté, j’ai mangé un bon sandwich chez des hippies installés face au lac et j’ai continué mon chemin sur les sentiers tracés par les animaux et leurs bergers. De retour à l’hostal, j’ai récupéré ma mochilla et descendu l’Escalier des Incas pour rejoindre un embarcadère. Je suis montée dans un des bateaux de la communauté indigène, dont le moteur fumant m’a rappelé les doux effluves de Santiago.

Arrivée à Copacabana, j’ai cherché un hostal mais tout était plein, alors je suis retournée chez le voisin du coq en espérant que ce dernier ait servi de repas entre temps. Ensuite je suis allée passer une heure et demie à attendre un plat de pâtes dans un restaurant vide, avant de retourner dans ma chambre, préparer mon passage au Pérou.

vendredi 5 septembre 2008

Chapitre 6 – La Paix sur Terre

Alors que j’attendais mon bus, assise dans le sable de l’altiplano, les Carabineros ont eu pitié de moi et m’ont offert un jus de fruit très frais. C’était en fait de la poudre au goût ananas, mélangée à l’eau gelée de la source voisine ; mais l’intention elle-même était agréable. Pendant que je faisais diversion, le lama affamé en a profité pour dévorer les registres laissés négligemment au soleil.
C’est sur ces entrefaites que mon bus est enfin arrivé. Malheureusement ma place était occupée par une chilienne d’âge mûr et ses milliers de bagages à main. J’ai donc fait le chemin jusqu’au poste frontière assise sur le siège du copilote, d’où la vue sur le lac Chungara, à travers le pare-brise, était excellente. Cet état me convenait parfaitement et quand j’ai du changer pour un siège à l’arrière, le long du couloir, loin de la fenêtre et du magnifique Sajama enneigé, j’étais un peu attristée.

Le passage de la douane fut un peu tumultueux, à cause d’un douanier chilien qui trouvait mon escapade d’un week end argentine suspecte. Je lui ai assuré que « je ne suis là que pour le tourisme, mais le Chili est tellement beau qu’il me fallait plus de trois mois pour le visiter ». Il n’a rien trouvé à redire et je suis repartie avec un beau tampon sur mon passeport. Ensuite, ce sont les gringas qui ont mis du temps côté bolivien, car pour les citoyens des USA, c’est fort compliqué et cher d’entrer en Bolivie. Une vengeance peut être ?
Le voyage à continué, au travers de l’altiplano, aux couleurs plus vives que celles des arcs en ciel et nous sommes arrivés à El Alto juste à temps pour perdre le souffle devant La Paz qui s’étendait au dessous de nous, au crépuscule.
A la descente du bus je me suis mise en quête d’un hostal, le long des rues remplies de combis fumants, frayant mon passage entre les vendeurs de sandwichs, les barbecues, les cireurs de chaussures et les touristes en tous genres. La Paz parait n’être jamais en paix. Il est difficile d’y respirer et je doute que se soit uniquement en raison de ses 3660 mètres d’altitude.


Au petit matin j’ai été réveillée par la lumière et les bruits de la rue, mais j’ai trainé au lit jusqu'à 8 h 30. Après cela, j’ai commencé à arpenter un peu les rues de la ville, avant de faire quelques escales culturelles comme le musée de l’ethnographie, la place Murillo, siège du gouvernement (Evo Sí ! ) et l’Eglise de San Francisco. Dans celle-ci, j’ai eu droit à un guide très intéressant pour moi toute seule, qui me posait plein de question sur l’Histoire de France. Nous sommes même montés sur le toit pour avoir une vue sur cette ville qui n’en finissait pas de m’impressionner. Je crois que je l’ai aimée, mais je n’en suis pas sûre. Elle est certainement de celles où il faut vivre pour bien en prendre la mesure et s’y attacher.






Ensuite, je me suis rendue près du cimetière, d’où partent les bus un peu pourris pour Copacabana, sur la rive du lac Titicaca. Alors que je surveillais le chargement de ma mochilla, la porte de la soute s’est refermée sur le copilote. J’ai eu très mal pour lui, mais il devait avoir l’habitude car il n’avait pas l’air plus surpris ou souffrant que ça.
Dans le bus j’étais assise à côté d’un péruvien très bavard, ce qui m’a empêché de regarder le paysage. Mais il était bien sympa et il m’a même invitée à boire un chocolat chaud une fois arrivés à notre destination.
Enfin, nous sommes rentrés chacun dans notre chambre avec salle de bain, payée 2 euros et je me suis endormie en rêvant du lac qui a vu la naissance du soleil.

jeudi 4 septembre 2008

Chapitre 5 – Chao Chile

A 6 h 30 du matin, le bus rempli de toutes sortes de marchandise quitta Arica pour cinq heures de route, à travers les paysages merveilleux des Andes. Quand il s’est arrêté à plus de trois mille mètres d’altitude, au milieu du désert, où seules passent quelques vicuñas et qu’un petit vieillard en est descendu, j’ai tenté d'’imaginer la vie de ces gens, isolés dans ces contrées grandioses.


A l’arrivée à Putre, je pensais devoir faire du stop pour me rendre au petit village de Parinacota, mais un homme qui s’y rendait m’a proposé de monter dans son 4x4. Vu la fréquence du trafic dans le coin, je n’ai pas hésité avant d’accepter. En chemin il a pris un jeune homme en stop, qui voulait se rendre au-delà du lac de Parinacota, au poste frontière de la Bolivie. Il l’y a donc amené et m’a déposé aux abords du lac pour que je profite de la vue pendant ce temps là. J’ai admiré le volcan Parinacota se reflétant dans les eaux gelées, puis je suis allée discuter avec un vendeur de lainages installé là. Il m’a fait l’article bien évidemment, même lorsque je me suis sentie un peu mal à cause de l’altitude et que je lui ai demandé un siège.






Mon poncho acheté et mon chauffeur revenu, nous sommes redescendus au village où m’attendait une chambre dans un tout nouvel hostal.
Parinacota est un minuscule village composé de quelques maisons et où je n’ai croisé que cinq habitants et quatre touristes. Son attraction principale est sa petite église construite au 17ème siècle et qui tient bon malgrès l’histoire géologique du Chili. A l’intérieur de subtiles peintures sont préservées et une table malfaisante gardée prisonnière.




Après un sandwich avalé chez l’épicier-dragueur du village, je suis partie pour une petite randonnée vers les lagunes de Cotacotani. Cependant, passer du bord de mer à quatre mille cinq cent mètres d’altitude en une journée n’est pas l’idéal pour le corps. J’ai donc marché très très lentement, je me sentais fatiguée, l’aspirine calmait à peine mon mal de tête, mais la balade valait plus que largement la peine. Dans ces petits lacs se reflètent les sommets enneigés des alentours, le ciel est aussi bleu que l’eau, les viscachas sautent de rochers en rochers, les flamands roses font un festin et pas un bruit ne perturbe ce paradis froid.






Malheureusement je n’ai pas pu rester aussi longtemps que je l’aurais souhaité car la douce montée, ponctuée de longues pauses à l’abri du vent glacial, m’avait pris beaucoup de temps et le soleil n’allait pas tarder à se cacher derrière les pics culminant à plus de six mille mètres. J’ai donc accéléré le pas pour faire le tour des lagunes et trouver le chemin du retour. Je suis arrivée de nuit au village après avoir profité du coucher du soleil sur ce paysage enchanteur.

Une bonne soupe au quinoa et du maté de coca m’attendait pour me remettre de mes émotions. J’ai mangé en discutant avec un couple de jeune retraités anglais, avant d’aller me coucher sous mes cinq couvertures en priant pour ne pas avoir à me relever la nuit et affronter une température de moins dix huit degrés avec mon pyjama (prière inefficace d'ailleurs).

Le lendemain matin, j’ai commencé par une aspirine au petit déjeuner, avant d’aller faire un tour près du village. Je me suis amusée à marcher sur la glace de la toundra et bien sûr mon pied est passé au travers. Ce n’était que de la boue en dessous, donc rien de bien méchant.
Après cela, mon chauffeur-logeur m’a menée au poste des carabineros où devait s’arrêter mon bus pour la Bolivie. Je me suis installée tranquillement à côté du lama modèle pour touristes photographes et j’ai savouré mes derniers instants chiliens.