samedi 6 septembre 2008

Chapitre 7 – Où l’eau et le feu consument leur amour

Ma chambre à Copacabana ne coutait pas cher mais elle avait le désavantage d’être voisine d’un coq insomniaque.
Je me suis donc levée bien tôt et j’ai commencé ma journée par un passage devant la cathédrale de la ville où des véhicules en tous genre attendaient leur bénédiction, couverts de fleurs et de drapeaux boliviens.


J’ai ensuite suivi les conseils de mon guide (Lonely Planet, je ne le recommande pas) et pris un taxi jusqu'à la grotte de Lourdes, pour raccourcir le long chemin qui me séparait de l’île du soleil. Le chemin surplombant les eaux du Titicaca offrait des vues magnifiques sur son bleu profond. Une fois le taxi reparti je me suis mise en route sous le soleil andin, avec ma mochilla sur le dos. La première montée fut bien difficile, l’altitude étant toujours proche de quatre mille mètres. Un petit vieux m’a salué, des enfants m’ont demandé une pièce et un âne s’est moqué de ma fatigue, lui qui se reposait tranquillement à l’ombre des eucalyptus.


Le reste du chemin était plus plat mais aussi de plus en plus chaud. Les eaux du lac m’attiraient avec leur fraîcheur et leur beauté. Après deux petites heures de marche, un garçon d’une dizaine d’années s’est approché et m’a proposé de me faire traverser jusqu’à l’Isla del Sol dans la barque de son père. J’ai d’abord refusé et il s’est attaqué à deux américains qui ne comprenaient rien ou faisaient semblant de ne rien comprendre. Il est donc revenu vers moi et m’a fait son baratin. Le chemin était encore long jusqu’à l’embarcadère officiel, il ne passait pas au bord du lac et ma mochilla était lourde. J’ai donc fini par accepter. Il m’a mené jusque chez lui et son père m’a prouvé qu’il était sérieux en me montrant le Lonely Planet en Allemand. C’est donc Olivio, 14 ans, mais paraissant bien moins, qui s’est mis à l’arrière du bateau et a été chargé de me mener à bon port. Nous avons discuté un peu et se fut une traversée fort sympathique, avec vue sur la cordillère enneigée derrière le lac.



Le débarquement fut un peu chaotique, surtout à cause de ma mochilla qui ne facilitait pas mon équilibre. Mais j’ai finalement réussi et mon petit capitaine et reparti chercher d’autres clients.

J’ai suivi le chemin qui montait méchamment avant de me faire aborder par un autre garçon, haut comme trois pommes celui là, mais la tête bien sur les épaules. Il m’a plus ordonné que proposé de le suivre jusqu’à un hostal dans le village voisin. Il marchait très vite sur ses petites jambes et moi je peinais derrière avec mes sacs. Je me suis retrouvée dans une petite chambre pas chère, avec vue sur l’île de la Lune et la cordillère. Le petit a récupéré son pourboire avant d’aller chercher d’autres pigeons.

Finalement, le trajet qui aurait du me prendre la journée selon mon guide ne dura que la matinée. Il me restait donc une après midi pour découvrir l’île du Soleil. J’ai commencé par déguster la spécialité locale, une truite grillée, accompagnée d’une bière tiède et pas bonne du tout.


J’ai ensuite cherché les chemins de l’île pour une petite balade, mais je me suis un peu perdue entre les terrasses qui surplombent cet océan d’altitude. Les habitants de l’île semblent vivre encore pour la plupart de l’agriculture de subsistance et de l’élevage de vaches, chèvres et poules. Les enfants jouent pieds nus, les femmes travaillent, les hommes sont quasiment tous absents, certainement au travail en ville. Ceux qui restent discutent ou fabriquent des briques d’adobe pour les maisons. Les paysages sont merveilleux, l’eau donne envie de se baigner mais la température des ces hauteurs n’est pas celle de la méditerranée.







En coupant à travers les pâtures j’ai retrouvé un chemin qui menait au point le plus élevé de l’île, d’où j’ai pu admirer le plus beau coucher du soleil du monde. Il faudrait être poète comme Pablo Neruda, pour vous décrire cette merveille. Ou il faudrait plus qu’un seul cœur pour en amasser toute la splendeur.


Après une bonne soupe je suis partie me coucher tôt, pour être levée avec le soleil le lendemain matin. Il est sorti de sa cachette, derrière les pics enneigés, pour se regarder dans le miroir du lac où il est né.
J’ai suivi un chemin bien tracé pour traverser l’île et visiter des ruines labyrinthiques avant qu’elles ne soient envahies par une horde de touristes récemment débarqués du bateau en provenance de Copacabana.



Je suis redescendue de l’autre côté, j’ai mangé un bon sandwich chez des hippies installés face au lac et j’ai continué mon chemin sur les sentiers tracés par les animaux et leurs bergers. De retour à l’hostal, j’ai récupéré ma mochilla et descendu l’Escalier des Incas pour rejoindre un embarcadère. Je suis montée dans un des bateaux de la communauté indigène, dont le moteur fumant m’a rappelé les doux effluves de Santiago.

Arrivée à Copacabana, j’ai cherché un hostal mais tout était plein, alors je suis retournée chez le voisin du coq en espérant que ce dernier ait servi de repas entre temps. Ensuite je suis allée passer une heure et demie à attendre un plat de pâtes dans un restaurant vide, avant de retourner dans ma chambre, préparer mon passage au Pérou.

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