mardi 22 avril 2008

Chapitre 2 - Le long chemin du Purgatoire

Après Concepción, mon but était de rejoindre une petite île à une trentaine de kilomètres des côtes où, d’après mon guide il est possible de faire de la plongée. J'ai donc pris le bus pour rejoindre la petite ville de Tirúa, d’où partent des bateaux pour l’île en question. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il me faudrait cinq heures pour parcourir les 150 kilomètres. Le vieux bus tremblant a parcouru la Cordillère de la Côte a vitesse très réduite, peinant dans les montées et soulevant des nuages de poussière de la piste qui sert de route principale. C’était long, chaud et poussiéreux, mais la vue sur l’océan était magnifique par moment, même si j’ai cru ne pas y arriver avant la nuit.

J’ai finalement débarqué dans un patelin que je crus d’abord fantôme. Je me suis mise en quête d’un logement pour la nuit et d’information sur les bateaux et c’est là que j’ai rencontré les premières âmes de cette ville d’un peu plus de cinq mille habitants. Le premier hospedaje était même complet. En cherchant un autre j’ai aperçu de la pub pour l’île où je souhaitais me rendre, dans un local servant de boucherie. Je me suis alors approchée timidement de la bouchère pour lui demander des informations. C’est bien son mari qui transporte les gens sur sa barque vers l’île, moyennant paiement et trois heures d’une mer souvent mouvementée. Il fallait attendre l’époux en question pour avoir de plus amples renseignements.

Je suis donc allée poser mon paquetage dans un établissement plus que sommaire, avant de me planter dans la boucherie pour patienter une « petite heure ». C’est là que j’ai découvert que mon hôte avait cinq enfants, en les voyant rentrer de l’école les uns après les autres et que une heure vaut plus que soixante minutes en chilien. Le petit dernier, une dizaine d’année, était très gentil. Il m’a fait la bise et est même allé me chercher une part de gâteau pour que je ne meure pas de faim en attendant son père. Tout ça pour qu’en arrivant ce dernier me dise « on part demain à 11 heures », sur un ton fort peu agréable, avant de s’en aller boire un coup.

Ce n’était pas bien grave malgré tout et je suis retournée dans mon hospedaje pour demander à dîner. J’ai eu droit à un petit déjeuner copieux, ce qui m’a permis de comprendre que les chiliens prennent leur goûter vers 19h 30. Ensuite, j’ai suivi le frère de la bouchère qui m’a guidée jusqu’au port. Nous avons discuté un peu, puis, attiré par un match qui se jouait dans le gymnase de la ville, il m’a abandonné avec son jeune fils qui ne savait pas trop quoi faire de moi. J’ai finalement retrouvé le chemin de mon auberge grâce à lui, avant de retourner sur mes pas car j’avais cru comprendre que c’était un match de handball qui se jouait ce soir là. Méprise, ce n’était que du baby football, c'est-à-dire du football en salle, ce qui ne m’a captivé que cinq petites minutes, histoire de me rendre compte de ce que c’était. Je suis rentrée pour prendre une petite douche à l’eau froide et me coucher sans souper, car le goûter m’avait largement suffi. La porte de ma chambre, en bois brut laissait passer un peu de lumière par le trou en son milieu et heureusement, car la propriétaire avait oublié de mettre une ampoule au plafond. J’ai quand même trouvé mon lit dont le sommier en ressort tout détendu a rappelé à mon dos de douloureux souvenirs d’internat et dont les draps on laissé de jolis petits boutons sur mon corps jusque la préservé, mais j’ai globalement passé une bonne nuit, toute fatiguée de ma journée que j’étais.


La première journée dans cette ville m’a laissé une très bonne impression. Elle est comme un petit village où tout le monde se connaît et j’y ai trouvé beaucoup de gens prêts à m’aider, même si la plupart des habitants me regardaient comme une bête curieuse.
J’avais déjà l’impression d’être au bout du monde.

Cependant, j’ai un peu déchanté le lendemain. La nuit fut très agitée à cause des nombreux chiens qui aboyaient sous mes fenêtres et du froid. Nous étions encore en plein été, mais les nuits étaient fraîches et les planches de bois mal jointes isolaient peu. Ce doit être terrible en hiver, il peut même geler par là.


Je me suis dirigée vers le port pour être sure que le bateau était bien là, avant de prendre mon petit déjeuner. Bien m’en a pris. Sur le chemin deux jeunes chiliens en pick up m’interpellent. Ils cherchent le port pour prendre le même bateau que moi. Je monte donc avec eux pour leur montrer où il est et cela m’arrange bien car ce sont eux qui vont aux renseignements, mon espagnol restant encore très limité. Il s’avère que les bateaux ne partent pas car « la mer est mauvaise ». Le temps est magnifique et je la vois d’huile, mais bon, je ne suis pas marin…


La seule solution reste l’avion. Là encore j’ai eu de la chance, car seule je n’aurais jamais trouvé. J’ai renoncé à mon petit déj, rangé mes affaires rapidement et suis remontée dans le pick up qui partait pour la piste d’atterrissage. Arrivés en haut de la falaise, au bord de la piste il n’y avait personne. En continuant un peu, nous avons finalement trouvé un hangar. Ne restait qu’à attendre le pilote. Celui-ci est finalement arrivé, nous l’avons aidé à sortir l’avion et nous sommes entassé à quatre plus tous les bagages dans un petit coucou. Et hop, sans autre forme de procès, nous avons décollé pour le Paradis.








Vue de Tirúa depuis l'avion


2 commentaires:

Hélène a dit…

Wow, t'as prié avant de monter dans l'avion? Ca fait peur quand même! Enfin c'est bien que tu sois pas restée en rade à tirua!! La suite, la suite!!!

Au fait ça s'est passé comment ton "voyage"? C'est bon tout est en ordre?

Solène a dit…

Non pas besoin. J'étais plutôt super contente. Ca m'a rapellé l'ULM, j'avais très envie de conduire. Du coup j'ai observé les manoeuvres et les cadrans pour apprendre.

La suite tout de suite.

Ca fait plaisir de voir que y'en a qui suivent. :-)