lundi 2 juin 2008

Chapitre 14 – Randonneuse chevronnée

Le réveil du troisième jour se fit sous les restes de la pluie de la nuit et ce fut plutôt désagréable de ranger la tente boueuse, mais il fallait bien continuer.


Après quelques minutes de marche la pluie a cessé, laissant l’air propre et les sentiers boueux. Deux heures de marche tranquille me séparaient du refuge Pehoe, au bord du lac du même nom. La vue était toujours magnifique et j’ai croisé beaucoup de familles, certainement venues en bateau jusqu’au refuge, qui en profitaient aussi.
Au bord du lac c’est tout un complexe touristique qui est installé, avec hôtel et restaurant, boutique, minimarché, camping et refuge. J’ai donc profité de la civilisation pour me ravitailler en pain et en barres céréales, avant de déguster un sandwich chaud, succulent en ces temps de casserole de riz et pâtes toutes prêtes et présenté avec soin par un serveur dragueur.


Puis j’ai repris ma mochilla et la route qui remontait la troisième vallée, le long du lac Grey et vers le glacier du même nom. Paysages tranquilles et beaux, le lac porte bien son nom, mais n’est pas d’un gris triste. C’est plutôt une couleur profonde et douce, qui tranche avec le blanc bleuté des icebergs qui y naviguent, poussés par ce vent du bout du monde.



La lagune des canards, sans canard, mais avec une superbe vue, elle surplombe le lac Grey.

Soudain, je l’ai aperçu, le glacier, millénaire, gigantesque, pur, puissant, grandiose. J’ai lâché ma mochilla et couru sur un promontoire rocheux pour mieux l’appréhender dans toute sa grandeur et sa beauté. Je suis restée debout, contre le vent, émerveillée.


Le reste du chemin était assez raide, mais en descente, ce qui n’est pas si facile avec la mochilla. Par là j'ai rejoint le camping Grey, au bord du lac, sans pouvoir détacher mes yeux du glacier quand je l’apercevais, ou des autres merveilles de la vallée, comme cette cascade ou ces fleurs.

Il était encore tôt à mon arrivée au camping payant et j’ai donc préféré continuer jusqu’au camping suivant qui avait l’avantage d’être gratuit, mais surtout celui d’être situé au bord du sentier qui surplombe le glacier.


Là haut j’ai étendu ma tente sur les arbres pour qu’elle sèche et suis partie au mirador déjà occupé par des gringos voyageurs. La vue était impressionnante, et c’était une sensation vraiment puissante que d’être ainsi, assise tranquilement, au dessus d’un glacier qui s’étend à perte de vue.
Puis je suis partie manger ma soupe et mon riz, me laver rapidement dans le torrent et m’installer dans ma tente sèche, prête à me protéger, une nuit de plus, du froid et du vent.

D’après mon guide, le parcours que j’ai fait en trois jours se réalise en cinq jours mais trois pour les randonneurs chevronnés. Je ne me considérais pas comme telle, mais sûrement que les merveilles stimulent l'effort.